Priorités politiques des États pour 2024 : promouvoir la mobilité professionnelle et l’avancement économique des immigrants et des réfugiés
En 2023, plusieurs États du pays ont adopté des législations visant à promouvoir la mobilité économique et professionnelle des immigrants et des réfugiés (le récent rapport WES 2023 State Policy Report met en évidence ces réformes). Au cours des sessions législatives de 2024, les décideurs politiques ont à nouveau la possibilité de proposer des mesures visant à renforcer les intérêts économiques des États ainsi que la mobilité économique des immigrants et des réfugiés.
Les pénuries de main-d’œuvre continuent de s’aggraver aux États-Unis. Dans le même temps, les immigrants et réfugiés forts d’une éducation, d’une expérience et de qualifications sont prêts à apporter leurs compétences et leur formation bien nécessaires au marché du travail. Malgré tout, des barrières systémiques laissent environ deux millions d’immigrants et de réfugiés diplômés de l’université sans emploi ou sous-employés, au détriment des économies locales qui renoncent ainsi chaque année à quelque 40 milliards de dollars de salaires perdus et 10 milliards de dollars de taxes non perçues. Bon nombre d’immigrants et de réfugiés sont confrontés à des obstacles à l’accès à l’enseignement supérieur, indispensable pour occuper des postes dans des secteurs clés tels que la santé et l’éducation, des emplois qui pourraient contribuer à la prospérité de leurs communautés.
En outre, les efforts des États pour favoriser l’inclusion des immigrants et des réfugiés sont souvent entravés par la nécessité de coordonner les actions entre plusieurs départements et agences responsables du développement des politiques et des programmes ainsi que de la prestation des services. Les réformes politiques qui abordent ces questions peuvent aider les immigrés et les réfugiés à accéder à l’emploi dans des secteurs confrontés à des pénuries de main-d’œuvre, favorisant ainsi leur mobilité économique. Cela permet également aux États de répondre aux besoins immédiats en main-d’œuvre et de renforcer leur vitalité économique à long terme.
WES propose cinq priorités politiques pour 2024 qui peuvent servir de feuille de route aux États pour promouvoir des réformes efficaces :
Priorité 1 : créer des passerelles vers la pratique pour les immigrants et les réfugiés formés à l’étranger.
Certaines des pénuries de main-d’œuvre les plus criantes aux États-Unis concernent des professions qui exigent une formation post-secondaire, telles que l’enseignement, l’ingénierie et de nombreuses carrières dans le domaine de la santé. En 2022, 44 % des écoles publiques ont fait état d’un ou plusieurs postes d’enseignants non pourvus, l’impact le plus important étant ressenti dans les écoles comptant un pourcentage élevé d’élèves issus de minorités et de personnes vivant dans la pauvreté. Plus de 100 millions d’Américains n’ont pas suffisamment accès à un médecin de premier recours, avec un pénurie total prévue de 37 800 à 124 000 médecins d’ici 2034 ; et en 2020, plus d’un cinquième des membres du personnel infirmier prévoyaient de prendre leur retraite d’ici 2025, alors que les inscriptions aux programmes de soins infirmiers étaient insuffisantes pour compenser ces pertes ; qui plus est, de nombreuses <5>professions paramédicales et de santé comportementale prévoient des pénuries similaires.
Dans le même temps, 165 000 immigrants et réfugiés titulaires d’un diplôme de premier cycle dans le domaine de la santé délivré par d’autres pays sont empêchés de contribuer pleinement à la force de travail, tout comme plus de 100 000 personnes titulaires d’un diplôme d’enseignement délivré à l’étranger. Dans de nombreux États et secteurs, avant d’être autorisés à exercer aux États-Unis, ces travailleurs qualifiés doivent suivre une formation longue et coûteuse déjà suivie dans un autre pays.
Les États devraient adopter des réformes politiques fixant des normes et des procédures de reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger, ouvrant ainsi des voies d’accès pour que les travailleurs formés à l’étranger puissent obtenir une licence complète et sans restriction.
Priorité 2 : réduire les obstacles coûteux ou inutilement restrictifs à l’obtention d’une licence.
Les immigrants et les réfugiés se heurtent à toute une série de barrières pour obtenir une licence professionnelle aux États-Unis. Certains de ces obstacles sont de nature générale et concernent toute une série de professions, comme les exigences relatives au statut d’immigrant, au numéro de sécurité sociale ou au numéro d’identification du contribuable, ou encore le manque de conseils ou de ressources officielles pour s’orienter dans le processus d’obtention d’une licence. D’autres obstacles sont spécifiques à la carrière, comme l’obligation pour les candidats à la licence d’enseignement de passer un test standardisé qui s’est avéré être culturellement biaisé, ou les limitations concernant les examens de maîtrise de la langue anglaise acceptés pour la licence d’infirmière. Dans de nombreux États et domaines, les commissions d’agrément professionnel exigent également que les évaluations de diplômes soient obtenues auprès d’un fournisseur spécifique ou d’une agence agréée figurant sur une liste courte.
Les médecins formés à l’étranger sont confrontés à une série d’obstacles spécifiques à leur carrière pour obtenir l’autorisation d’exercer. Non seulement ils sont tenus de refaire un internat médical aux États-Unis, mais ils ont aussi statistiquement moins de chances d’obtenir une place d’interne que les diplômés en médecine formés aux États-Unis. Dans de nombreux États, ils sont également tenus d’accomplir une période d’internat plus longue que leurs homologues formés aux États-Unis. De nombreux programmes d’internat exigent également que les candidats effectuent une période d’expérience clinique aux États-Unis avant de postuler, ou donnent la préférence à ceux qui le font, alors que les possibilités de le faire sont très limitées.
Les États devraient mettre en œuvre des réformes qui réduisent les obstacles à l’obtention d’une licence, notamment en supprimant les exigences relatives au statut d’immigrant, au numéro de sécurité sociale ou au numéro d’identification du contribuable, en fournissant des orientations claires et accessibles en matière de licence, en augmentant les possibilités de test et d’évaluation des compétences et la flexibilité des méthodes d’évaluation, et en s’attaquant aux obstacles spécifiques aux carrières dans les secteurs critiques, tels que la mise en place de programmes de formation clinique ou d’internats médicaux pour les diplômés internationaux en médecine, ou la création d’une parité entre les exigences d’internat pour les diplômés internationaux en médecine et celles et ceux formés aux États-Unis.
Priorité 3 : identifier les obstacles et les solutions pour l’avancement professionnel des immigrants et des réfugiés.
Avant de faire tomber les barrières, il faut les identifier. Les problèmes les plus urgents varieront selon l’État, de même que les solutions les plus efficaces. Les commissions, les task forces ou les groupes de travail peuvent aborder ces questions en étudiant l’intégration de la main-d’œuvre immigrée et réfugiée de manière générale ou en examinant des questions sectorielles spécifiques. Une perspective plus large pourrait inclure la participation des immigrants et des réfugiés à la formation des adultes et au marché du travail, ainsi que les obstacles entravant la mobilité économique de ces travailleurs ; tandis qu’un mandat plus ciblé pourrait s’intéresser à un domaine crucial, tel que la médecine ou l’éducation. Les conclusions peuvent ensuite guider l’élaboration de futures législations visant à promouvoir l’inclusion des immigrants et des réfugiés dans les forces de travail des États, afin de compenser les pénuries de main-d’œuvre.
Les États devraient identifier les domaines prioritaires à explorer et créer des commissions, des task forces ou des groupes de travail pour recueillir des informations, identifier les obstacles à l’intégration professionnelle des immigrants et des réfugiés, et formuler des recommandations politiques visant à surmonter ces obstacles.
Priorité 4 : renforcer la main-d’œuvre et construire des communautés inclusives en mettant en place des bureaux d’État pour soutenir la réussite des immigrants et des réfugiés.
Les immigrants et les réfugiés apportent des compétences et des formations précieuses aux forces de travail locales. De nombreux États ne disposent toutefois d’aucun moyen efficace pour encourager des initiatives d’inclusion des immigrants et des réfugiés à l’échelle de l’État et intersectorielles. Les bureaux pour les nouveaux Américains (Office of New Americans, ONA) font office de centre névralgique pour faciliter la coordination des services, la sensibilisation des prestataires de services et le développement de politiques visant à promouvoir l’inclusion sociale, culturelle et économique.
Plusieurs États ont déjà créé de tels bureaux. En collaboration avec l’American Immigration Council, WES anime un réseau de bureaux pour les nouveaux Américains en pleine expansion pour soutenir le travail des bureaux pour les nouveaux Américains existants et du personnel chargé des politiques d’immigration dans 19 États du pays. Les bureaux pour les nouveaux Américains assurent la liaison entre les départements et agences gouvernementaux, favorisent les partenariats avec les parties prenantes telles que les gouvernements locaux, les établissements d’enseignement, les organisations à but non lucratif, les employeurs locaux et les communautés d’immigrants proprement dites, et formulent des recommandations à l’intention des décideurs politiques. Ils travaillent pour garantir que les immigrants et les réfugiés aient un accès significatif aux ressources, aux programmes et aux services qui soutiennent leur réussite.
Les États devraient créer des bureaux pour les nouveaux Américains afin d’améliorer la coordination et l’efficacité de la planification des programmes et de la prestation des services, et pour développer et promouvoir une stratégie à l’échelle de l’État visant à impulser des politiques et des programmes transformateurs qui favorisent l’inclusion des immigrants et des réfugiés.
Priorité 5 : étendre l’accès à un enseignement supérieur abordable aux personnes ayant vécu une migration forcée.
Les réfugiés, les bénéficiaires de l’asile, les demandeurs d’asile et les personnes bénéficiant d’autres statuts de protection humanitaire, tels que les détenteurs de visas pour immigrant spéciaux (SIV), rencontrent des difficultés exceptionnelles pour commencer ou poursuivre leurs études supérieures aux États-Unis. L’un des défis majeurs est le coût de cet enseignement, associé à l’inaccessibilité des frais de scolarité au tarif résident ou de l’aide financière pour les personnes qui ne peuvent pas satisfaire aux exigences de résidence standard. Plusieurs États ont adopté des lois classifiant les réfugiés, les demandeurs d’asile et les détenteurs de visas pour immigrant spéciaux (SIV) comme résidents pour les frais de scolarité dans les collèges et universités publics de leur État. Malgré ces avancées, en 2022, une analyse des lois sur les frais de scolarité des résidents dans les 50 États a révélé que certaines catégories de personnes déplacées, à savoir les demandeurs d’asile et les personnes bénéficiant d’un statut de protection temporaire ou humanitaire, sont rarement incluses dans ces réformes. L’accès équitable à l’enseignement est essentiel pour favoriser la mobilité économique de tous les étudiants déplacés aux États-Unis, car l’enseignement supérieur est synonyme de plus grande réussite professionnelle et d’accroissement des revenus.
Les États devraient réformer les lois sur la résidence pour classer les réfugiés, les demandeurs d’asile et les titulaires de visas humanitaires comme résidents pour ce qui concerne les frais de scolarité et l’aide financière dans les établissements publics d’enseignement post-secondaire. Pour ces objectifs, le statut de résidence devrait également être étendu aux demandeurs d’asile, ainsi qu’aux personnes bénéficiant d’un permis humanitaire ou d’un statut de protection temporaire.
Les politiques visant à réduire les obstacles à la mobilité économique et professionnelle sont essentielles pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre et renforcer la santé des économies locales. Les États devraient privilégier l’élaboration de politiques permettant à tous les immigrants et réfugiés d’apporter leur plein potentiel aux forces de travail.